D’après les premières révélations du Chef de l’État et de son conseiller Walid Hajjem, la marche pour une nouvelle République serait bien enclenchée. Car il est temps de reconstruire un État qui s’abîme dans l’impuissance, dans la faillite économique, dans la corruption, dans les discriminations sociales, dans le chômage et la pauvreté. Hormis la lutte contre les lobbies qui ont fait main basse sur les richesses de la nation et saigné aux quatre veines le Trésor public, il s’agit aussi de reconsidérer la façon de penser et la manière de gouverner. Certes, le problème réside dans la Constitution, le système politique, le Code électoral, mais aussi dans l’incapacité croissante de la nation à protéger ses enfants qui nourrissent l’exaspération sociale et le dénigrement. C’est que l’affaiblissement de la nation renforce la crispation identitaire, attise la haine de l’autre, nourrit le terrorisme et favorise l’émigration irrégulière.
C’est cet affaissement de l’État et de ses institutions qui exige une nouvelle démocratie qui fonctionne au service des Tunisiens, faite de liberté, bâtie sur la confiance et la vérité et qui garantit les attributs de la dignité à tous. En effet, quand la patrie décline, le Tunisien ne grandit pas, il s’engouffre. Là où les institutions ont échoué et les partis ont trahi, il faut un renouveau, une nouvelle dynamique, un nouvel espoir. Un point sur lequel tout le monde s’accorde, mais ne converge pas. Faut-il pour autant maintenir un système de démocratie parlementaire qui a failli dans sa mission rien que pour plaire à l’opinion internationale qui tient coûte que coûte à ce que la Tunisie soit le modèle du «bon élève démocratique» pour les pays arabes et musulmans ? En effet, le ballet diplomatique que connaît notre pays depuis l’annonce des mesures exceptionnelles, le 25 juillet dernier, explique cette persistance à vouloir remettre la Tunisie sur la même voie de l’échec. Il n’empêche qu’écouter nos amis, parler avec eux, leur expliquer la nouvelle voie démocratique qu’on veut tracer n’entame en rien notre souveraineté nationale. Car, in fine, ce sont les Tunisiens qui vont choisir pour eux-mêmes.